L’Etat fait un pas de plus vers un « Airbus des batteries »
La perspective d’un « Airbus des batteries » pour l’automobile s’est un peu plus concrétisée mercredi, l’Etat promettant de débloquer 700 millions d’euros au cours des cinq prochaines années pour soutenir le développement de la filière de batteries électriques de nouvelle génération.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet franco-allemand de mise sur pied d’une production de batteries en Europe, alors que le secteur est actuellement dominé par les acteurs asiatiques.
Devant des patrons de l’automobile et en présence de plusieurs ministres, Emmanuel Macron a insisté mercredi soir sur le besoin d’un « réveil européen » dans le domaine des batteries de voitures électriques, lors du gala du centenaire de l’Organisation internationale des constructeurs automobiles (OICA).
« En tant que président de la France, je ne peux pas être satisfait d’une solution où 100 % des batteries de mes voitures électriques sont produites en Asie » a-t-il déclaré.
Il a annoncé que la coopération franco-allemande dans le domaine aboutirait à l’ouverture de deux usines de batteries, une en France et une en Allemagne, sans donner plus de détail.
Il a plus généralement pris la défense de l’industrie automobile, en réponse aux inquiétudes émises par le patron de PSA, Carlos Tavares, sur la montée d’un « car bashing » dans la société.
« La réponse ne sera jamais le dénigrement de la voiture, ne sera jamais des approches non coopératives ou isolées, même sous la pression de certains citoyens », a dit M. Macron.
Fin décembre, Paris et Berlin ont signé un accord « stratégique » en coopération avec la Commission européenne, commençant à concrétiser un projet de longue date en gestation surnommé « Airbus des batteries ». L’Allemagne a récemment annoncé y consacrer un milliard d’euros d’ici 2022.
Ces annonces interviennent avant la présentation jeudi du rapport sur le futur de l’industrie automobile française commandé à Xavier Mosquet, spécialiste de l’automobile et directeur associé du cabinet de conseil BCG, et Patrick Pelata l’ancien directeur général de Renault.
En octobre, Emmanuel Macron leur a confié une mission sur les nouvelles mobilités et les véhicules autonomes et électriques.
Un million de véhicules électriques d’ici 2022
Concernant les voitures électriques, l’ « accélération qu’il va falloir faire en France (…) est très significative » a indiqué à l’AFP Xavier Mosquet, coauteur du rapport, car il s’agit concrètement de « doubler » le niveau de croissance française dans le domaine.
Le gouvernement a affiché l’objectif d’avoir un million de véhicules électriques d’ici 2022. Objectif « atteignable », affirme l’expert, mais qui suppose un « gros travail auprès de l’offre » comme le développement d’un marché du véhicule d’occasion et des produits à prix d’entrée, afin de concurrencer le véhicule à moteur à essence.
Des efforts de la part du gouvernement et des collectivités seront également nécessaires : « il faut accompagner financièrement les achats » et développer des « avantages à l’usage » comme l’accès à des parkings réservés, ou des voies prioritaires pour les véhicules électriques.
Un « très gros effort » reste également à fournir sur les installations pour recharge privée (à domicile et au travail) de véhicules électriques, qui représente 90 % de la recharge, selon l’expert.
La France entend déployer 100.000 bornes électriques d’ici 2022 contre environ 25.000 aujourd’hui.
Retard du véhicule autonome
Lors du gala de l’OICA, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité pour l’Europe de se doter d’un cadre réglementaire afin qu’elle puisse être dans la course des véhicules autonomes, actuellement dominée par les géants du numériques (Gafa).
« Aujourd’hui si vous êtes un industriel européen, il est plus facile d’aller développer vos solutions » de véhicule autonome « aux États-Unis que de les développer en Europe » regrette Xavier Mosquet.
En l’état de la législation française, née de la convention internationale de Vienne en cours de renégociation, les véhicules autonomes ne sont pas autorisés à circuler sur route ouverte, sans une personne derrière le volant.
Le gouvernement prévoit de déployer des services de transport autonomes à la demande en taille réelle, sur des territoires d’ici 2021.
Une mesure qui « peut permettre dans les environnements urbains et périurbains de remplacer une partie des véhicules particuliers par des véhicules partagés » et « de baisser les coûts au kilomètre et de réduire la circulation », selon le spécialiste.
Il a enfin pointé du doigt l’accès « compliqué » aux « talents » pour les entreprises étrangères qui souhaiteraient s’implanter en France.
cjc-jri/ef/cam-13/02/2019 – 22:24:03 – Paris, 13 fév 2019 (AFP) – © 2019 AFP