La CRE, qui soutient le principe de grandes unités sources d’économies d’échelle, devrait en être encore plus inquiète. De fait, le prix moyen proposé par les développeurs lauréats dans l AO solaire est de 62,7€/MWh pour l’ensemble des projets, soit une hausse de 3% par rapport à la 4e période en août dernier.
Hausse à tous les étages
Surtout, le tarif remonte à 56,8 €/MWh pour les installations les plus importantes, entre 5 et 30 MW. A comparer à 52€ l’été dernier, sur le segment le plus compétitif de l’AO solaire en théorie. La tendance étant baissière depuis le début de cet appel d’offres pluriannuel, le seuil des 50€/MWh semblait devoir être rapidement franchi. Ce ne sera pas le cas. Les prix sont aussi à la hausse dans les deux autres « familles » d AO solaire : 63,8 €/MWh entre 500 kW et 5 MW (62,7 €/MWh lors de la tranche 4) et 87,5 €/MWh pour les ombrières contre 83,8 €/MWh précédemment.
Effet d’assèchement ponctuel
« Cette évolution était malgré tout assez prévisible, estime Benoît Roux, directeur des activités solaires France du développeur-producteur BayWa r.e. Plusieurs facteurs y concourent, à commencer par l’augmentation des volumes proposés alors que celui des projets autorisés ne suit pas ». Ce professionnel pointe trois autres motifs possibles. Tout d’abord, l’effet « asséchant » de l’appel d’offres bi-technologique de 200 MW en novembre, qui n’a sélectionné que des projets solaires de grand gabarit, à 54,94€/MWh en moyenne. Autant de projets en moins pour la participation à la session actuelle. Laquelle semble avoir été de fait peu sursouscrite, ce qui a laissé peu de choix à l’administration.
Ensuite, le prix des matériels photovoltaïques diminue moins vite qu’auparavant, en partie du fait d’une disponibilité moindre en ce moment. Enfin, nombre de projets lauréats sont situés au Centre, dans l’Est et dans le Nord de la France, où la ressource est moins abondante. « Le prix du MWh n’est pas corrélé uniquement au productible mais il peut y avoir un lien. Un début de saturation dans la partie méridionale du pays est peut-être aussi à prendre en compte », suggère Benoît Roux.
Du mieux en juin ?
Quelles sont ses prévisions pour la prochaine période de l’AO solaire, qui est aussi la dernière de l’appel d’offres actuel et se clôt le 3 juin ? « Avec toute la prudence nécessaire à ce genre d’exercice, on peut entrevoir une stagnation des prix, voire une très légère nouvelle baisse, car les portefeuilles de projets commencent à se reconstituer. Mais le besoin de simplification des procédures reste majeur ».