Par le Parisien rédigé par Enedis. Serre Chevalier la première station de ski des Alpes du Sud pourrait aussi devenir un des pionniers en matière d’énergies renouvelables. Depuis 2016, Serre Chevalier entame en effet un vaste chantier qui vise à lui permettre de produire et de consommer sa propre électricité.
Soleil, altitude, infrastructures : les qualités qui font de Serre Chevalier un des domaines skiables les plus prisés d’Europe constituent aussi des atouts pour le développement des énergies renouvelables. « Avec 2 500 heures d’ensoleillement par an, des cols d’altitude particulièrement bien exposés au vent et un réseau de bassins versants très denses, le terrain de jeu est propice. Cela nous a amené à réfléchir à la façon d’utiliser nos infrastructures pour récupérer cette énergie », explique Frédéric Arnould, chef de projet EnR de la station. Car, il ne s’agit pas ici de créer de gigantesques fermes solaires ou éoliennes, mais bien de maximiser le potentiel des installations existantes.
Un tiers d’autoconsommation en 2021
Chaque année, la station consomme 14,5 GWh d’électricité, bien que les installations (remontées mécaniques, locaux d’exploitation, etc.) restent à l’arrêt sept mois sur douze. Serre Chevalier dispose également d’un réseau électrique privé qui simplifie la mise en place d’un système d’autoconsommation. « Il y a des facilités techniques qui accréditent la pertinence de ce modèle, mais on a aussi réfléchi à un système de pilotage qui permettrait d’aligner la consommation sur les pics de production d’énergie », poursuit Frédéric Arnould. Objectif : produire une électricité destinée à l’alimentation des infrastructures de la station pour atteindre 30% d’autoconsommation d’ici 2021.
Après deux années de travail sur le dossier, les premières tranches de production ont été lancées cette année sur les axes solaires, éoliens et hydrauliques. Si ce dernier secteur demeure au stade de l’étude de faisabilité, les deux premiers chantiers sont sur les rails. Six sites de production photovoltaïque vont être installés, dont un démonstrateur innovant avec des panneaux souples sur le vitrage d’une remontée mécanique. Côté vent, deux micro-éoliennes de 10 kW et 5 kW seront placées au col du Prorel avec l’appui des entreprises Enerlice et Collaborative Energy.
Vers un ski durable ?
Doté d’un budget de 3,6 millions d’euros, l’opération possède un intérêt en termes de maîtrise énergétique, mais permet surtout de regarder vers l’avenir. « Pour l’instant, notre activité est centrée sur le marché du ski. Or, les énergies renouvelables offrent des perspectives de diversification et créent de nouveaux métiers. Elles ont aussi une importance capitale en termes d’image, car de plus en plus de skieurs sont des consomm’acteurs qui s’intéressent à la démarche environnementale des stations qu’ils fréquentent », souligne Frédéric Arnould. À terme, le modèle économique et les innovations développées à Serre Chevalier pourraient aussi s’exporter dans d’autres stations.