L’entreprise solaire Sillia., au bord de la faillite, a été reprise par l’allemand Recom en juin 2017 et montre de grandes ambitions dans l’Hexagone, mais aussi aux Etats-Unis.
Article de Green Univers:
Made in France compétitif ?
Sillia a repris du poil de la bête. Réduite à son usine de Lannion d’une capacité de 60 MWc solaire depuis plus d’un an, l’entreprise entre dans une dynamique d’investissement grâce à son nouvel actionnaire allemand, persuadé de pouvoir continuer à produire en Europe des panneaux haute qualité tout en restant compétitif par rapport aux fabricants asiatiques qui ne semblent pas vouloir mettre fin à la guerre des prix. « L’automatisation accrue des procédés de fabrication et les technologies avancées de planification nous permettent de proposer des panneaux produits en Europe à des prix compétitifs à l’échelle internationale. C’est cette combinaison de facteurs qui nous a conduit à prendre la décision d’ajouter 1 GWc de capacité de production solaire en Europe dans les 8 prochains mois », expliquait en septembre dernier Hamlet Tunyan, cofondateur et PDG de Recom.
Le marché solaire français devrait largement bénéficier de ce plan d’investissement puisque la capacité de l’usine de Lannion (Côtes-d’Armor) va passer en janvier prochain de 60 à 300 MWc par an. Les travaux ont commencé et des nouvelles lignes de production sont déjà arrivées sur site. « Sillia veut maintenir et surtout accroître ses capacités de production en France pour nous rapprocher de nos clients mais pas seulement. Le contenu carbone des panneaux photovoltaïques est de plus en plus pris en compte par la DGEC et les développeurs vont avoir besoin d’offres européennes peu carbonées. C’est dans ce cadre que nous avons décidé de fermer en début d’année notre usine polonaise. Notre principal enjeu réside désormais dans nos prix de vente. C’est pour cela qu’il faut investir dans de grandes capacités pour obtenir des économies d’échelle suffisantes pour nous permettre de baisser nos prix de 0,35€/Watt aujourd’hui à moins de 0,30€/W l’année prochaine. Pour 2020, nous visons les 0,23€/W ce qui est très compétitif », indique Sarah Bellal, responsable du développement commercial de Recom-Sillia.
Et visiblement, Recom ne compte pas s’arrêter là. Un investissement bien plus important est en préparation pour se doter d’un deuxième centre de production dans l’Hexagone, dont la capacité pourrait atteindre 1 GWc/an. Le groupe allemand souhaiterait ériger fin 2019 une autre usine près de Lyon, une ville que Sillia connaît bien puisqu’elle opérait une importante installation à Vénissieux avant sa mise en redressement judiciaire. La décision finale d’investissement n’a pas encore été prise, contrairement à une autre usine de 700 MWc décidée en… Arménie.
L’Arménie pour contourner la section 201
Pourquoi produire en Arménie, de surcroît quand la stratégie annoncée consiste à développer le made in Europe ? Un paradoxe apparent qui cache une stratégie d’exportation. Tout d’abord, l’Arménie est le pays de naissance du PDG de Recom, Hamlet Tunyan, qui connait bien l’Etat et ses institutions. Mais surtout, l’Arménie fait partie des pays exemptés de barrières douanières sur les panneaux PV imposées au début d’année par l’administration Trump. Le pays appartient donc à la liste d’Etats pouvant librement exporter leur production PV aux Etats-Unis, aux côtés de l’Afghanistan, le Bhoutan, le Cap Vert ou encore la Zambie… Un avantage que Recom compte bien saisir pour écouler sa production de l’autre côté de l’Atlantique grâce à cet avantage compétitif que le groupe allemand estime suffisant pour concurrencer frontalement les panneaux asiatiques. Pour rappel, les modules non produits aux Etats-Unis sont surtaxés à hauteur de 30% cette année, puis de manière dégressive, 25% en 2019 pour atteindre 15% en 2022.
Recom-Sillia n’est pas le seul fabricant européen à reprendre du poil de la bête. L’alsacien Voltec Solar montre lui aussi de belles ambitions en décidant d’augmenter la capacité de production de son site de Dinsheim-sur-Bruche de 70 MWc à 200 MWc avec le recrutement d’une trentaine de salariés supplémentaires.