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Un village de 1100 habitants des Pyrénées passe à l autonomie énergetique

David Gener a initié un projet d autonomie énergétique en circuit-court dans son village pyrénéen de 1100 habitants. David Gener est le responsable bénévole de la régie électrique municipale et fait avancer le projet en créant une vraie dynamique au sein des habitants (66).

Votre village a entamé une démarche de transition énergétique. Quel en a été le déclencheur ? 

David Gener : La commune de Prats-de-Mollo-la-Preste est le village le plus éloigné de la vallée du Haut Vallespir dans les Pyrénées Orientales. Du fait de son étendue et de son relief, notre commune est soumise à des contraintes forte en termes d’alimentation en électricité de qualité. Nous subissons régulièrement des coupures d’électricité, notamment sous le coup des intempéries.
Depuis 1917 nous avons une forme d’indépendance dans la gestion de l’électricité de la commune avec propre régie électrique. En fait, jusqu’à 40% de nos besoins de consommation électrique sont satisfaits par une centrale hydroélectrique. Cette production n’étant pas linéaire, nous complétons en achetant à EDF, à Poweo, etc…

L’évolution des tarifs de vente d’électricité a entraîné une baisse significative des revenus pour les petites régies comme les nôtres. Dans notre cas, notre chiffre d’affaire a baissé de 20%. Puis l’augmentation du prix de transport du Kwh nous a convaincu de trouver une manière alternative de produire de l’électricité sur notre territoire. Plusieurs objectifs ont émergé : réduire notre dépendance, pérenniser les emplois sur la commune, améliorer la qualité du service…

autonomie en énergie
autonomie en énergie

Quel est votre rôle dans ce projet ?

David Gener : Je suis tout d’abord administrateur bénévole de la Régie Électrique Municipale depuis 10 ans, en plus de mon métier. J’ai initié ce projet de transition et d autonomie il y a 2 ou 3 ans. Dans les années 80, l’ancienne équipe municipale avait déjà reconstruit la centrale hydraulique, mais elle s’est révélée sur-capacitaire au fil des années.
Depuis 2015, avec la volonté de faire des économies sur le transport de l’énergie, j’ai échafaudé un scénario énergétique et d autonomie pour la commune. Nous avons commencé par rechercher des aides via des appels à projet de la région Occitanie afin de nous faire financer certaines études : faisabilité hydraulique, méthanisation, identification des forces et faiblesses de notre réseau. Mon rôle aujourd’hui recouvre les aspects sociétaux, financiers et techniques de cette nouvelle ère d autonomie énergétique qui s’annonce pour la commune. Dans l’avenir, je serai également amené à piloter la S.E.M qui coordonnera tous nos projets de transition énergétique en circuit-court.

Quelles sont les grandes caractéristiques de ce projet de transition ? 

David Gener : Aujourd’hui, la centrale hydro-électrique fournit jusqu’à 40% des besoins énergétiques du village. Il se trouve qu’un établissement de cure thermale installé sur la commune possède elle aussi une centrale, inutilisée depuis une vingtaine d’années. Nous allons donc la rénover. Par ailleurs, comme nous sommes en zone montagneuse, le fort dénivelé nous permet d’installer des micros-turbines dans les canalisations d’eau potable. L’avantage est que cela réduit la pression dans les conduites, et cela évite la casse.

Nous allons compléter l’hydro-électrique avec différentes énergies de substitution.
Tout d’abord le photovoltaïque : nous allons refaire la toiture de deux anciens bâtiments industriels, et nous allons construire des hangars agricoles qui seront eux aussi couverts.
Ensuite la méthanisation : l’avantage d’être un territoire agricole est que nous récupérons beaucoup de matières organiques : déjections animales, déchets verts… cet apport sera augmenté des collectes auprès des cantines, du restaurant. Elles pourront être étendues aux communes environnantes. Le méthaniseur produira eau chaude et chauffage pour les bâtiments communaux. Nous avons dans l’idée de poser un réseau de chaleur qui pourrait permettre aux habitations et aux hôtels d’abandonner l’énergie fioul.

Bien que nous ayons des sources thermales sur la commune, nous avons écarté momentanément la géothermie, car cela pourrait représenter un risque pour l’activité de l’établissement de cure. Nous avons aussi écarté l’éolien, qui est prohibé en zone montagne.

Pour l’ensemble de ces projets, nous avions une préoccupation constante : avoir la meilleure intégration possible dans le paysage.

Comment vous êtes-vous organisés pour mener cette transition ? 

David Gener : En juillet dernier, nous avons inauguré notre S.E.M (société d’économie mixte), Prats’EnR. Dans laquelle on trouve la mairie (60%), la régie électrique municipale (20%) et un collectif de citoyens (20%). La S.E.M. comprendra 5 entités, chacune responsable d’un sous-projet (hydro-électrique, photovoltaïque, méthanisation, mini-turbines dans les conduites et réseau de chaleur). Il faut mentionner une sixième filiale recherche et développement, DAISEE, travaillera sur les sujets de gestion locale de l’électricité. Car nous réfléchissons sérieusement aux solutions d’internet de l’énergie, aux smart grids, et d autonomie dont, pourquoi pas, l’intégration de la technologie blockchain !

Dans ce type de démarche, quels sont les écueils, quels sont les facilitateurs ?

David Gener : Les petites communes n’ont pas les moyens d’amorcer ce genre de projet d autonomie , il faut donc trouver des aides extérieures pour démarrer. Nous avons gagné un appel à projet suscité par la région. Le nombre d’interlocuteurs peut être vite déroutant : la région, l’Ademe, l’Onema, la chambre d’agriculture, la préfecture, les monuments historiques… et j’en passe ! Ensuite il a fallu expliquer l autonomie et convaincre au sein du territoire lui-même. Nous avons aujourd’hui surmonté les résistances notamment par des réunions, des échanges. Il y a différents réseaux facilitateurs à commencer par le collectif d’habitants engagés, qui est partie prenante de la S.E.M. Et il y a des réseaux associatifs et collaboratifs plus larges, comme Énergies Citoyennes Locales et Renouvelables ou des réseaux de recherche-action comme La Myne ou Daisee.

Les démarches de transition énergétique sont-elles réservées aux grandes communes urbaines ?

David Gener : Non, la preuve ! Disons que pour un village de notre taille, l’initiative tiendra avant tout sur l’enthousiasme d’une personne motivée, qui va faire avancer l’idée et fédérer un collectif de citoyens. Cette énergie humaine suffira à convaincre le conseil municipal, et à créer une dynamique. De ce point de vue, le fait d’être une collectivité territoriale de petite taille est même une chance ! Car dans une grande ville ou dans une communauté d’agglomérations, l’initiative serait reprise par l’équipe municipale sous le prétexte suivant : « nous savons comment faire, nous connaissons le sujet, nous avons les équipes ». Sauf qu’ils sont souvent peu audacieux, contraints qu’ils sont par les enjeux politiques induits par une façon très innovante de voir les choses…

Donc, à quel horizon voyez-vous l’autonomie énergétique à 100% ? 
David Gener : Nous nous sommes donnés 4 ans. En une à deux années, nous aurons mis en place les volets hydroélectrique et photovoltaïque. Dans un deuxième temps viendront les volets méthanisation et réseau de chaleur, aux alentours de 2021. Quant au volet recherche, la filiale Daisee commencera à travailler dès le début 2018. Car il nous faudra un outil technologique afin de capter, de stocker et de traiter les données. A travers une véritable « régie de données énergétique », nous pourrons expérimenter la gouvernance de notre circuit-court de l’énergie. C’est là la pointe la plus avancée de notre réflexion sur ce sujet de transition.